Coronavirus : la pandémie exacerbe les inégalités sociales !

Tract lu : première partie
Tract lu : deuxième partie

Nous vivons une pandémie dont les conséquences sont inédites : confinement généralisé et arrêt partiel de l’activité économique. Dans le monde, la population confinée se compte désormais en milliards de personnes. Le nombre de cas recensés avoisine le million et nous déplorons des dizaines de milliers de décès.

Pour autant nous aurions tort de faire de cet épisode un événement tout à fait hors du commun. Non seulement nous avons connu au cours de notre histoire – et pas seulement ancienne – de nombreuses épidémies tout aussi meurtrières, mais surtout parce que tout porte à croire que des épisodes comme celui que nous vivons se répéteront et se multiplieront à l’avenir si l’humanité ne fait rien pour changer son mode de vie et son rapport à l’environnement. En effet la destruction accélérée des habitats naturels, conséquence de la déforestation, de l’urbanisation, de l’industrialisation et de l’artificialisation des sols, est une des causes de transmission du virus d’une espèce animal à notre espèce. (cf. D’où viennent les coronavirus ?)

Parallèlement la destruction méthodique des États providences, des services publics, de santé notamment, et l’extension du capitalisme néo-libéral ont mis à mal la capacité des sociétés à faire face à l’épidémie. En
France, plusieurs décennies d’appauvrissement et de marchandisation du système de santé menacent sa capacité à préserver la santé publique.

Plusieurs décennies de démantèlement méthodique des outils de planification économique placent nos dirigeants dans l’incapacité de réorienter rapidement et efficacement notre appareil productif vers un objectif prioritaire de santé publique. Et que dire de leur aveuglement sur la situation de l’Italie ? La prendre sérieusement en considération aurait dû permettre de mieux anticiper la catastrophe qui s’approchait. Faute d’avoir été inscrite dans un tableau de bord ou un programme de travail, elle n’a pas été anticipée par ceux qui sont censés prendre de la hauteur sur notre organisation.

Les situations de crise exacerbent les inégalités
sociales. Cette crise du coronavirus n’échappe pas à la
règle. Nous ne sommes pas égaux face au confinement.


Il y a celles et ceux qui ne peuvent pas rester confiné·e·s et qui doivent poursuivre le travail au péril de leur
santé et de celle de leur entourage parce que leurs missions l’obligent ou parce que la précarité économique
dans laquelle ils/elles vivent les contraigne à prendre ces risques. Il y a celles et ceux qui perdent tout ou
partie de leur emploi et de leurs revenus et qui se retrouvent sans ressource. Il y a celles et ceux qui sont
confiné·e·s dans des situations difficiles, dans des logements sous-dimensionnés voire insalubres, avec un
conjoint·e ou un parent maltraitant·e, avec des proches malades ou fragiles. Enfin il y a celles et ceux qui
peuvent se mettre au vert dans leur résidence secondaire pour rédiger des « journaux de confinement »
publiés dans la presse. C’est peut-être le cas de ceux qui, à Bercy, enjoignent les personnels à « adopter la
posture de travail, comme si j’étais sur mon lieu de travail habituel » feignant d’ignorer qu’une majorité
d’entre nous n’a pas les moyens matériels de réaliser cette recommandation hors sol.
Le confinement met en lumière l’inadéquation entre l’utilité publique des emplois et les rémunérations. Il
révèle au grand jour le rôle indispensable et irremplaçable de quantité de travailleurs et travailleuses

nvisibles, précaires et sous rémunéré·e·s. On ne peut pas en dire autant des grands patrons qui accumulent
des rémunérations stratosphériques ? Il est grand temps de revaloriser les activités essentielles et de
repenser les échelles de rémunération au regard de l’utilité sociale de chacun·e.
Pour Sud Insee la santé publique reste la priorité absolue. Le respect des règles de protection, le
confinement maximal et la limitation des contacts doivent être scrupuleusement observés mais surtout,
priorité politique et économique doit être donné au fonctionnement optimal de notre système de santé. Or
nous constatons que ce n’est pas ce que fait le gouvernement. Si ce dernier s’est empressé de débloquer
des budgets pour compenser les pertes des entreprises causées par l’arrêt de l’activité économique, il n’a
rien garanti pour l’instant pour l’hôpital public. Les promesses très incertaines d’un Président de la
République sonnent faux quand on sait que le monde médical réclame des moyens depuis plusieurs années
de mouvements sociaux. Le Président est aux abois et craint surtout le retour de bâton politique post-
épidémie. Assez de blabla ! Il faut un plan de recrutement et d’investissement massif et immédiat
dans l’hôpital public.