Réduire l’empreinte environnementale des déplacements : l’Insee doit jouer sa partition !

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Accélération du réchauffement climatique, effondrement sans précédent de la biodiversité, épuisement des ressources, risques sanitaires accrus… Loin de n’être que de simples perspectives plus ou moins fantaisistes, les périls auxquels notre déni des équilibres écologiques nous conduit constituent désormais une réalité à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés. D’où l’urgence de se retrousser les manches !

Les transports constituent à cet égard un domaine particulièrement propice à l’action. Et pour cause : en France comme dans le monde entier, près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre leur sont imputables ! Ce secteur est même, avec le numérique, le seul pour lequel les émissions de gaz à effet de serre ont progressé dans notre pays depuis 1990. Si les transports jouent donc un rôle avéré dans le réchauffement climatique, ils ont aussi des effets délétères sur notre santé puisqu’une grande partie d’entre eux émettent des polluants atmosphériques (dioxyde d’azote, ozone, composés organiques volatiles, particules fines…) dont la présence serait, d’après Santé Publique France, responsable de 40 000 morts par an.

Bien qu’une grande partie de ses activités soient de nature sédentaire, l’Insee contribue à son échelle à la persistance de cette situation préoccupante. En 2019, les déplacements auraient ainsi représenté pas moins de 29 % de son empreinte carbone, un chiffre dû à 57 % aux déplacements professionnels et à 43 % aux déplacements domicile-travail.

Comme souvent en matière environnementale, la première solution est la sobriété : le meilleur déplacement est toujours celui que l’on n’effectue pas. Mais bien évidemment, la vie professionnelle exige de se déplacer un minimum, que ce soit pour entretenir le contact avec nos collègues, pour participer à des réunions de réseaux, des formations… Autant de déplacements qui permettent un travail collégial plus facile et plus efficace, mais pour lesquels il est nécessaire d’encourager la substitution des modes de déplacements les plus polluants par ceux plus respectueux de l’environnement. Autrement dit de favoriser le développement des modes de déplacement « doux » (marche à pied, vélo…) et des transports en commun, par opposition à la voiture ou l’avion. Et lorsque l’utilisation de la voiture est inévitable (pas de transports en commun, contraintes personnelles…) , le covoiturage est toujours préférable à l’ « autosolisme ». Les véhicules électriques peuvent aussi être une solution, mais pas à n’importe quelle condition!

Si nous autres agents avons tous un rôle à jouer dans l’adoption de modes de déplacement plus vertueux sur le plan environnemental, c’est avant tout aux acteurs institutionnels qu’incombe la plus grande part du travail. Dans notre vie professionnelle, c’est donc avant tout à l’Insee qu’il incombe d’agir, seul ou avec d’autres acteurs, afin d’améliorer son bilan. Bonne nouvelle, pléthore de solutions existent, ainsi qu’en témoigne la suite du document. Pour limiter autant que possible les atteintes à l’environnement, exigeons leur adoption aussi rapidement que possible !

Déplacements professionnels : des leviers pour agir !

Pour réduire l’empreinte environnementale des déplacements professionnels, l’Insee pourrait :

→ travailler à une organisation territoriale faisant la part belle à la proximité via :

  • une réimplantation de métiers variés au plus près des besoins ;
  • un maintien du maillage des centres de concours sur l’ensemble du territoire.

→ agir sur les déplacements des enquêtrices via :

  • un accès facilité à des véhicules aussi peu polluants que possible ;
  • des formations spécifiques à l’éco-conduite ;
  • une majoration des temps de déplacement en cas de recours à un mode de déplacement non routier (marche, vélo, transports en communs…) lors des opérations de collecte ;
  • des indemnités kilométriques égales à celles d’un trajet en voiture en cas d’utilisation des modes de déplacement « doux » (marche à pied, vélo…) lors de la collecte ;
  • une prime à l’achat ou à la location de vélos classiques, de vélos électriques ou de scooters électriques ;
  • l’octroi de sacoches pour vélos aux enquêtrices qui le souhaitent ;
  • une prise en charge d’un abonnement de transports en commun couvrant leur zone de collecte habituelle.

→ agir sur les déplacements en voiture des agents de bureau en :

  • réservant les voitures de service et de location aux trajets pour lesquels il n’existe pas de réelles alternatives par les transports en commun ;
  • mutualisant les véhicules de service avec les autres administrations alentours chaque fois que les circonstances s’y prêtent ;
  • investissant dans l’achat et la location de véhicules aussi peu polluants que possible (cf. encadré) ;
  • cessant de louer des véhicules convoyés sur plusieurs centaines de kilomètres
  • formant à l’éco-conduite les agents amenés à effectuer de nombreux déplacements professionnels en voiture (superviseurs, gestionnaires DEM…) ;
  • se refusant d’utiliser des véhicules équipés d’un boîtier superéthanol E85.

diminuer la place de l’avion via :

  • une interdiction de l’utilisation de l’avion dans le cadre des déplacements hexagonaux (hors Corse) ;
  • une impression sur place des questionnaires du RP destinés à chaque DOM ;

→ encourager les déplacements professionnels à vélo des agents de bureau en :

  • prêtant des vélos aux agents qui doivent participer à une réunion ou une formation à l’extérieur de leur établissement
  • donnant les moyens aux agents qui le souhaitent d’effectuer tout ou partie de la supervision à vélo (aménagement des tournées, mise à disposition de vélos électriques, équipements de confort et de sécurité, sacoches pour vélos, etc.).

Déplacements domicile-travail : l’Insee et les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités !

L’Insee se doit également d’aider ses agents à réduire l’empreinte environnementale de leurs déplacements domicile-travail ou tout au moins de faire pression sur les décideurs publics en charge de ces questions. Ensemble, ils peuvent notamment :

encourager les modes de déplacements « doux » via :

  • un accès aisé à des emplacements sécurisés et abrités pour stationner les vélos ;
  • un accès facilité à des douches et à des vestiaires ;
  • des sessions régulières d’entretien des vélos personnels des agents ;
  • un travail de terrain destiné à identifier les freins à la pratique du vélo.

inciter à l’utilisation des transports en commun via :

  • une prise en charge des tickets à l’unité achetés par les agents dans le cadre de leurs déplacements domicile-travail ;
  • mettre en place des campagnes de communication pour inciter les agents à se tourner davantage vers les modes de déplacements « durables » ;
  • une prise en charge des trajets combinant transports en commun et autres modes de déplacements.

→ faciliter le recours au télétravail exceptionnel en cas de problèmes perturbant le fonctionnement normal des transports en commun (hors mouvements d’arrêts de travail)

→ favoriser le covoiturage dans les établissements mal desservis par les transports en commun…

…mais aussi limiter – dans un cadre concerté – les possibilités de stationnement dans ceux où le niveau de desserte est correct.

Nombre de ces éléments auraient vocation à alimenter le « plan de mobilité employeur » dont devrait en principe être doté chaque établissement de plus de 50 salariés depuis la loi d’orientation des mobilités du 24 décembre 2019. Une obligation que respecte hélas très peu l’Insee à ce jour…

Mobilisons-nous pour faire changer les choses, notre avenir et celui des générations futures en dépend !

Toutes les propositions ci-dessous sont explicitées et justifiées dans ce document.