A l’issue de l’élection présidentielle, trois blocs se dessinent de plus en plus clairement :
- un bloc libéral et autoritaire autour de la République en marche
- un bloc libéral d’extrême-droite autour du Rassemblement national
- un bloc populaire en rupture avec le libéralisme autour de l’Union populaire
Les deux premiers blocs défendent les intérêts du patronat, notamment :
- maintien de toutes les réformes en faveur des plus riches et du patronat : flat tax, suppression de l’ISF, ordonnances Macron, atteintes portées à la représentation syndicale…
- refus d’une hausse significative des salaires (Smic, point d’indice, etc.)
- refus d’un retour à la retraite à 60 ans
- nouvelle baisse massive des impôts de production
- nouvelle baisse des cotisations sociales qui priveront la Sécurité sociale de ressources, et aboutiront donc à la baisse des prestations sociales
Même si un bloc se singularise par son « mépris de classe » et l’autre par son « mépris de race », ces deux blocs partagent en fait un programme économique et social en grande partie commun. Et nous n’oublions pas que le LREM a alimenté de façon insidieuse le racisme et la xénophobie par certains de ses discours, politiques et méthodes, y compris pour mieux diviser le camp du salariat. Si Le Pen a essayé de se faire passer comme la candidate du pouvoir d’achat, de la défense des « petits » contre les « gros », c’est une supercherie complète : l’extrême-droite au pouvoir a toujours pactisé avec le patronat et attaqué les conquis sociaux et démocratiques.
Il y a aujourd’hui un rejet largement majoritaire de la politique de Macron, qui s’apprête à amplifier les attaques contre notre camp social : retraite à 65 ans, travail gratuit des chômeurs, remise en cause du statut des fonctionnaires, etc. Les manifestations du 1er mai, plus importantes que l’an dernier, sont une première réaction face à ces politiques.
Les élections législatives sont une occasion d’empêcher Macron ou l’extrême-droite d’être majoritaire à l’Assemblée Nationale et donc de mettre en place leurs attaques contre les salariés. Un élargissement de l’Union populaire (autour de la bannière « Nouvelle Union populaire écologique et sociale ») s’est constitué autour d’un programme en rupture avec les logiques libérales. Ce bloc défend des mesures qui vont dans le sens de celles des organisations syndicales (même si elles restent souvent en deçà de ce que porte notre organisation) : retraite à 60 ans à taux plein pour 40 annuités de cotisations, hausse du Smic et du point d’indice dans la fonction publique, recrutement de fonctionnaires et développement des services publics, blocage des prix des biens de première nécessité, planification écologique, etc.
C’est pourquoi nous prenons position pour la victoire de ce bloc populaire aux élections législatives. Nous souhaitons qu’un maximum de syndicats et d’associations s’impliquent sur le terrain pour permettre cette victoire, grâce à une mobilisation populaire la plus large possible. À notre échelle, c’est ce que nous ferons à l’Insee.
Cette prise de position n’est pas « politicienne » : nous ne sommes à la remorque d’aucune organisation politique (contrairement à ce qui a pu être le cas pour certains syndicats à certaines époques), et notre indépendance restera totale. Nous prenons cette position en fonction de nos objectifs revendicatifs, sans fétichiser les élections mais sans non plus nier leur importance. Nous savons que la « gauche » a souvent trahi ses engagements, et nous savons aussi que par le passé certaines organisations syndicales n’ont pas organisé les mobilisations nécessaires. De notre côté, si un gouvernement de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » se mettait en place en juin, nous nous mobiliserions pour la mise en place de ses engagements, lesquels vont assez largement dans le sens de nos revendications. Mais en restant très vigilants, et sans lui accorder aucun « état de grâce ».
Nous savons que des pressions très fortes (patronales, internationales, etc.) s’exerceraient pour faire obstruction à ces engagements. C’est pourquoi de toute façon la mobilisation des travailleurs sera décisive pour imposer une réelle rupture avec les politiques libérales et donc la conquête de nouveaux droits sociaux. En 1936, ce sont les mobilisations (et pas seulement l’arrivée de Blum au pouvoir) qui ont permis d’imposer les grandes avancées sociales de l’époque : congés payés, semaine de 40 heures sans baisses de salaires, conventions collectives…
Quoi qu’il arrive nous aurons à lutter : nous préférons nous mobiliser pour obliger un gouvernement à appliquer son programme plutôt qu’avoir encore à lutter pour éviter encore un peu plus la casse sociale.
Jeudi 19 mai à 13h (présentiel et distanciel)
Sud Insee DG vous invite à une
HMI avec Gérard FILOCHE
(ancien inspecteur du travail et syndicaliste) sur le thème
Front populaire :
hier … et demain ?