Une répression de plus en plus violente contre les manifestant·es et les grévistes

Depuis une dizaine de jours, Macron et son gouvernement n’ont qu’une réponse à la mobilisation massive contre sa contre-réforme des retraites : la répression à tout-va, de plus en plus dure et de plus en plus violente. Macron est le premier à s’être radicalisé. Désormais la pente sur laquelle il nous embarque est de plus en plus glissante. Sommes-nous encore dans un État de droit ?

Mediapart a sérieusement documenté cette « terreur organisée » (sic) contre opposants, manifestants et grévistes :

« Participer à une manifestation non déclarée constitue un délit qui mérite une interpellation par les forces de l’ordre », déclarait le 21 mars le locataire de la Place Beauvau, à l’heure où les rassemblements spontanés se multipliaient un peu partout en France contre cette contre-réforme des retraites et contre son passage en force. Non monsieur Darmanin, pur mensonge : le seul fait de participer à une manifestation non déclarée ne constitue pas un délit et ne peut entraîner aucune sanction. Comme l’a rappelé la Cour de Cassation par son arrêt du 14 juin 2022. Ces interpellations, par surcroît souvent très violentes, sont donc purement illégales.

  • Violences gratuites et gravissimes contre des manifestant·es pacifiques (à supposer qu’un tel déchaînement de violences policières soit « justifié » pour les autres) : violentes bousculades, coups de poing, de matraques, gazages lacrymo… quand ce n’est pas pire encore agressions sexuelles comprises. Les BRAV-M (brigades de répression motorisée) sèment la terreur dès qu’il y a un rassemblement quelque part. Remises en selle en 2019 par Macron et son préfet de police Lallement, il s’agit ni plus ni moins des pelotons de « voltigeurs » du temps de Pasqua. Ces brigades furent dissoutes en 1986 suite au meurtre de Malik Oussekine qui était alors étudiant. ⚠️ Une pétition sécurisée « parlementaire » est en ligne pour exiger la dissolution de ces escadrons de la violence en moto. En 10 jours elle a déjà réuni quelque 250 000 signatures. C’est tout à fait inédit. Il en faut 500 000 pour que cela déclenche un débat à l’Assemblée nationale.
  • Propos sexistes, racistes, tentatives d’humiliation et/ou d’intimidation, gifles, des jeunes détenues mises à nu lors des interpellations et/ou des garde-à-vue. Les cas de témoignages et de vidéos sont désormais pléthore.
    Voir aussi ce papier de ©Libération et, surtout, cet enregistrement absolument accablant (révélé par le site ©Loopsider puis relayé dans différents médias comme ici).

L’État use de plus en plus de son droit « légitime » de mutiler. Comme durant le mouvement des gilets jaunes. Ainsi le 23 mars entre Bastille et Opéra un camarade syndicaliste de SUD Rail a été éborgné. Quand ce n’est pas au LBD, c’est par éclat de grenade de « désencerclement ». Le même jour, à Rouen, une jeune assistante scolaire pour élèves handicapés a quant à elle vu son pouce arraché par l’une de ces grenades. Et ce ne sont là que les deux cas les plus médiatisés…).

Ce qui s’est passé à Sainte-Soline est gravissime

Deux manifestants entre la vie et la mort, plusieurs autres gravement atteints au visage, dont un éborgné, des dizaines de blessés… tout ça suivi des coupables mensonges de Darmanin et de sa préfète.

Les parents de Serge D., 32 ans, l’un des deux manifestants grièvement blessés par grenade et toujours entre la vie et la mort, ont porté plainte pour « tentative de meurtre » et « entrave aux secours », ainsi que pour la divulgation publique d’informations privées sur leur fils (tirées des fichiers de police). Manœuvres désormais classiques visant à faire passer les victimes d’exactions policières pour de prétendus « délinquants » (« fichés S », comme beaucoup de militant·es écologiques dans ce pays). En dépit des dénégations assez pathétiques de Darmanin et de sa préfète, les éléments horodatés rendus publics par les autorités elles-mêmes prouvent que seules ces autorités sont responsables des deux heures de retard dans la prise en charge de Serge D. par l’hélico du Samu. Entraves caractérisées aux secours, alors que tout le monde savait déjà très bien que le pronostic vital de Serge D. était engagé. Avec à la clé plusieurs témoignages de personnes présentes sur place dont des observateurs de la LDH, et cet enregistrement qui plombe complètement les autorités. Au final le bilan est accablant.

En dépit des vaines dénégations de Darmanin, c’est un véritable arsenal de guerre qui a été utilisé. Et sans aucune retenue : l’utilisation de 5 500 grenades lacrymo, soit environ 8 grenades pour 10 manifestants. Des centaines de grenades offensives, dont ces GM2L typiquement classées « armes de guerre » du fait qu’elles combinent l’effet explosif et assourdissant, avec l’effet lacrymogène. Ce sont précisément ces grenades GM2L qui ont causé les comas de Serge D. et de Mickaël B.

Et tout ça pourquoi ? Pour « défendre » un gros trou (cette méga-bassines) déjà déclaré illégal par le Conseil d’État, comme plusieurs autres du même type. En vue d’un tel niveau de répression, ce sont 3 500 CRS qui avaient été acheminés sur place. Soit pas bien loin d’un pour deux manifestants. Le tout, pour une méga-bassine illégale…

La mobilisation contre la réforme des retraites

À Paris le 28 mars dernier, de République à Nation, il y avait 5 500 agents des forces de l’ordre (sans compter les agents de la BAC en civil). Selon le nouveau préfet de police Nunez, de midi à 19h00 ce sont environ 10 000 contrôles et fouilles qui auront été effectués. Les nasses de manifestant·es continuent alors que la méthode a été qualifiée « d’illégale » par le Conseil d’Etat. C’est ainsi que l’État français se voit à nouveau tancé par le Conseil de l’Europe et par l’ONU (comme en 2019).
Les méthodes de prétendu « maintien de l’ordre » du préfet Lallement, tant décriées y compris à l’étranger, sont donc plus que jamais à l’œuvre. Aucun enseignement n’aura été tiré des années 2018/2019 ou du mouvement des gilets jaunes. Si ce n’est pour commander trois fois plus de grenades en tous genres : 38 millions d’euros pour le Noël 2022 de la Place Beauvau,

Désormais Macron se voit mis en difficulté de toutes parts. Mais il continue de s’enferrer. De plus en plus dans le déni en osant parler des 70 % de l’opinion comme de « la foule », il vient même jeter encore plus d’huile sur le feu. Le voici donc à présent qui donne donc carte blanche à sa police pour :
– faire dégager les piquets de grève :
raffineries, dépôts pétroliers, centre d’incinération d’ordures, grands magasins, etc. Ainsi, au dépôt pétrolier de Donges (44), en pleine nuit CRS et gardes mobiles ont attaqué les grévistes au LBD en vue de libérer l’accès au dépôt. Tout est donc mis en œuvre pour attenter au droit de grève.
empêcher toute manifestation dite « spontanée » (d’où toutes ces expéditions punitives de voltigeurs-moto),
semer à nouveau le désordre et créer des tensions lors des manifestations dites « classiques »

Les agents des « forces de l’ordre » les plus violents se savent couverts. En effet certaines enquêtes montrent que les sanctions se font de plus en plus rares. Alors évidemment certains « se lâchent ». Les forces de l’ordre et leurs supérieur·es ne respectent pas le droit, veulent dissuader de manifester et réprimer les manifestations spontanées a estimé l’Observatoire parisien des libertés publiques, collectif indépendant créé à l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme et du syndicat des avocats de France. Quant aux magistrats… pour eux aussi c’est le malaise.

À quand la mort d’un premier manifestant ? Comme à Sivens en 2014, avec la mort de l’étudiant Rémi Fraisse, sachant que deux manifestants de Sainte Solines sont déjà dans le coma

IL EST DONC URGENTISSIME DE FAIRE STOPPER CETTE ESCALADE RÉPRESSIVE

Cette escalade vise à imposer « encore plus en force » une réforme pourtant rejetée par une très large majorité de la population. Les jours qui viennent seront cruciaux pour l’issue de ce bras de fer. Pour faire céder Macron le plus vite possible, nous appelons l’intersyndicale nationale à prendre enfin la mesure de cette situation, et à lancer un appel à la grève générale et à la multiplication des les blocages. Cette lutte peut difficilement durer si elle ne s’appuie que sur des initiatives locales.

Face à cet engrenage répressif, nous appelons l’ensemble des agents de l’Insee à se mobiliser :
en rejoignant le comité de mobilisation et en y apportant ses idées d’actions,
en participant aux actions interprofessionnelles de blocages,
en se joignant aux manifestations (à minima celles classiques et « déclarées », le cortège Insee-SSP se formant dans les coins calmes des manifestations et décrochant en temps voulu à l’arrivée).

Il n’est plus temps d’hésiter : Parmi les 70 % qui se disent « contre » cette « réforme », il faut absolument être plus nombreuses et nombreux À se mobiliser ! Ne soyons pas fatalistes !

Ne nous laissons pas intimider par ce pouvoir aux abois, de plus en plus illÉgitime et de plus en plus policier qui nous mÉprise et nous maltraite !

Le 4 avril 2023
Section Sud DG